Associé pour toujours au succès de Michael Jackson et à l’album légendaire Thriller, Quincy Jones rayonnait déjà bien avant, grâce à son génie créatif et son inimitable sens du rythme.
La musique qui sauve les moeurs
Ce dimanche 3 novembre, Quincy Jones s'est éteint à l'âge de 91 ans, laissant derrière lui de nombreux orphelins de la musique. Mais avec soixante-neuf nominations aux Grammy Awards, un record absolu de ventes d'albums, et un premier titre joué sur la lune, l'âme de Quincy n'est pas prête de s'éteindre.
Pourtant, l'histoire ne commençait pas bien. Ou tout du moins, difficilement : il grandit dans un environnement violent, avec un père directement lié au gang des Jones Boys, adversaires virulents du célèbre gangster Al Capone. Quincy Jones grandit vite, confronté à la violence du monde. A 11 ans, il fuit la pègre avec son père, et pour survivre, enchaîne les cambriolages. C'est lors de l'un d'entre eux qu'il rencontre le premier grand amour de sa vie, un piano.
"Quand je l’ai touché, chaque cellule de mon corps m’a dit que c’est ce que je ferai le restant de ma vie." - Quincy Jones pour le Hollywood Reporter.
La musique devient alors son seul moyen d'expression : il choisit d'abord le trombone, puis la trompette, une vraie révélation. C'est Clark Terry et Duke Ellington qui lui enseignent les rudiments de l'industrie, et de toute évidence, il a ça dans le sang. A 13 ans, Quincy enflamme déjà les clubs de la ville, en compagnie d'un certain Ray Charles. A sa majorité, il obtient une bourse qui lui permet d'intégrer la prestigieuse école de Berklee College of Music, et se fait engager dans l'orchestre de Lionel Hampton.
Un avant-gardiste et explorateur musical
Puis les succès s'enchaînent : il devient le directeur artistique d'Eddie Barclay pour Mercury Records, et devient l'un des premiers Afro-Américains à avoir ce genre de poste. En parallèle, Quincy brille pour la composition de musiques de films, de Prêteur sur gages à La Couleur Propre. Mais c'est en sa qualité de producteur qu'il rencontre Aretha Franklin à ses 12 ans, Stevie Wonder à ses 12 ans, et aussi, un certain Michael Jackson. De cette rencontre naît un succès planétaire : l'album Thriller, vendu à 70 millions d'albums dans le monde, et encore détenant du titre à l'heure actuelle.
Et si Quincy a flirté entre la pop, la soul, le R&B, et même la bossa nova comme on vous l'expliquait dans notre histoire de jazz, les jazzmen lui restent fidèles, avec un respect infini. D'ailleurs, en dernier hommage, Quincy Jones a dirigé le dernier concert de Miles Davis à Montreux en 1991. Une vie à cent à l'heure, que Quincy a consummé sans jamais s'arrêter, guidé par sa passion dévorante pour la musique et son activisme. Un artiste qui continue, et continuera d'inspirer les musiciens du monde entier.